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  • Ciska Girault

Le naturel, le bon et le sans danger

Dernière mise à jour : 25 avr. 2019

Je lis souvent, en circulant sur le net, des personnes cherchant un remède « naturel » contre tel ou tel problème.


Pourquoi pas… Mais que veut dire « naturel » ?


Vous le savez, j’aime bien définir quelque chose avant d’en parler… Parce qu’on peut débattre longtemps si on ne parle pas de la même chose (même si on lui donne le même nom !)


D’après Larousse :

Qui appartient à la nature, qui en est le fait, qui est le propre du monde physique, par opposition à surnaturel
Qui est directement issu de la nature, du monde physique, qui n'est pas le fait du travail de l'homme, par opposition à artificiel, synthétique

Bien entendu, il est impossible d'être exhaustif sur le sujet en quelques lignes, mais voici quelques éléments à méditer...


Souvent, nous avons dans l’esprit « naturel = bon = sans danger ». Donc, sans même y avoir réfléchi, quelque chose classé « naturel » dans notre esprit aura déjà un biais positif. A l’inverse, tout ce qui sera dit « chimique » ou « artificiel » sera classé « mauvais » dans notre esprit et aura un biais négatif


Mais… Est-ce réellement vrai ? Le naturel est-il forcément bon et sans danger?


La réponse est évidemment « non » … Mais vous vous en doutez.


Une demi-feuille d’if, quoi de plus naturel ? Qui plus-est, elle est extrêmement efficace, à petite dose, pas besoin de la traiter ou de la transformer… Pour tuer votre chien en quelques minutes!



La digitale naturel sauver ou tuer
La digitale, une plante qui peut sauver... ou tuer...


Une plante (ou n’importe quel autre chose sur terre…) est composée de molécules (chimiques ! Oui… tout est chimique, même la plus bio des plantes naturelles. « Chimique = Relatif à la chimie, à ses produits » et « Chimie = Partie des sciences physiques qui étudie la constitution atomique et moléculaire de la matière et les interactions spécifiques de ses constituants », bref, rien de folichon là dedans…).

Certaines de ces molécules vont avoir un effet sur notre corps (souvent, on appelle cela un « principe actif »).


Un effet… est un effet. Il n’est ni fondamentalement « bon » ni « mauvais » !

(ce n’est que dans les Walt Disney les « gentils/méchants » et « bons/mauvais » ! ;) )


Il aura forcément des « bons » côtés et des « mauvais » côtés. C’est ce que j’appelle le revers de la médaille.


Prenons un exemple : Imaginons un principe actif P qui est « bon pour les ulcères gastriques ». C’est « bien », non ?


Eh bien… ca dépend ! Quel est son effet exact ?

En l’occurrence, notre principe actif « P » va diminuer l’acidité gastrique, ce qui permet de faire cicatriser l’ulcère plus rapidement. Super, tout bénèf’, non ?


Eh bien… Encore une fois, ça dépend… Car en diminuant l’acidité gastrique, il peut gêner la digestion (qui a besoin d’acide) ou bien favoriser la prolifération de bactéries (qui ne sont pas tuées par manque d’acide). Ce sont les « revers de la médaille ».


Les « bons » effets sont indissociables des « mauvais », comme une médaille a toujours deux faces… Il n’y a pas de règle absolue pour savoir si c’est « bien » ou non. C’est ce qu’on appelle la balance bénéfices/risques, et elle dépend de chaque cas.


Cependant, un principe actif peut avoir des « bons » effets bien supérieurs aux « mauvais » effets… Et vice versa !

Prenons l’écorce de saule et la reine des prés. Elles ont des vertus anti-inflammatoires, anti-pyrétiques et analgésiques… mais aussi une toxicité pour les muqueuses digestives. Le principe actif de ces plantes est connu depuis longtemps, il s’agit de l’acide salicylique.

Une toute petite variation de cette molécule : l’ajout d’un carbone, d’un oxygène et d’un hydrogène diminue beaucoup l’acidité de la molécule, et la rend beaucoup moins irritante pour les muqueuses. Avec cette variation, il y a donc beaucoup moins d’effet « mauvais » que « bons » ! Cette petite variation a un nom, il s’agit de l’acide acétylsalicylique.


L’acide salicylique provient directement de l’écorce de bouleau (c’est donc très naturel…), alors que l’acide acétylsalicylique est… l’aspirine ! Son cousin modifié par l’homme pour être plus efficace et moins dangereux, et donc « artificiel »…

Artificiel oui... Mais moins nocif que sa version naturelle.


Avez-vous déjà entendu parler du pyrèthre ? C’est un remède naturel contre les parasites…

La différence avec une pipette antiparasitaire « chimique » que vous mettez sur votre chien ? Le premier est efficace moins longtemps… Mais quand il est actif, il a le même effet, qu'il soit naturel ou artificiel. Si le but est d’éviter les effets secondaires des produits « chimiques », cela ne changera absolument rien d’utiliser la version « naturelle », puisqu’elle a les mêmes effets…


Moralité de l’histoire ?


Naturel ou pas naturel ? Là n’est pas la question…


La question est :

Quels sont les effets du produits que je vais utiliser ?

Y a-t-il plus d’effets intéressants que d’effets indésirables ?


N’oublions pas que notre perception de la vérité nous joue des tours…

Ce n’est pas parce qu’un produit de semble pas avoir d’effets secondaires qu’ils n’en a pas.

Ce n’est pas parce qu’un produit semble avoir un effet qu’il en a réellement un.

Nous sommes capables d’imaginer des effets secondaires qui n’existent pas et de ne pas nous rendre compte des effets positifs qui existent réellement, si nous pensons qu’un produit est « mauvais ».

Nous sommes capables d’imaginer des effets positifs qui n’existent pas et de ne pas nous rendre compte d’effets secondaires qui existent réellement, si nous pensons qu’un produit est « bon ».


Comment faire alors ? Se fier aux données objectives, telles que celles données par la science...

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