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  • Ciska Girault

L'éducation positive, ce laxisme à la mode.

Dernière mise à jour : 21 nov. 2022

Dans la vie, il est toujours nécessaire de NE PAS faire certaines choses. De suivre certaines règles.

Ne pas traverser sans regarder, ne pas voler le portefeuille du voisin, ne pas toucher le poêle brûlant, ne pas hurler et courir partout pendant un cours en amphithéâtre...

On ne peut pas se contenter de faire ce qu’on a envie de faire. Il faut aussi ne pas faire certaines choses qu’on aurait eues envie de faire… Bref, la vie n’est pas un long fleuve tranquille.


C’est vrai aussi pour le chien.

Un chien qui n’obéit pas, qui vous tracte en laisse, qui fouille la poubelle et les placards, qui dort sur votre lit et nous empêche d’y monter, qui n’accepte pas la poindre contrainte ou frustration… Vous visualisez ce chien qui fait ce qu’il veut quand il veut ? Le quadrupède horrible et mal élevé?

Personne n’en veut, on est d’accord ? On est d’accord que pour le chien aussi ce n’est pas forcément une bonne chose non plus ?


Je suppose aussi, si vous me lisez, que vous n’avez pas forcément envie de faire respecter ces règles par un bon coup de savate, un collier électrique ou autre joyeuseté ?

En effet, de nos jours on est sensibilisé au bien-être animal, on est sensibilité aux risques connus et reconnus de l’utilisation des méthodes coercitives…





Alors :

« On récompense les bons comportements et on ignore les mauvais »

Prenons Kiki, petit chiot de 4 mois, qui a trouvé et dépiaute avec délectation votre chausson. C’est indubitablement un mauvais comportement, ou du moins, un comportement que l’on n’a pas vraiment envie de voir se reproduire. Bref, appliquons consciencieusement ceci : On ignore donc royalement Kiki… Qui peut donc terminer de dépiauter avec délectation son chausson !


  1. RIP le chausson

  2. Votre ignorance la plus totale… N’a fait ni chaud ni froid à Kiki

  3. Kiki a pris un plaisir certain à dépiauter ce chausson… ce qui constitue un excellent renforcement positif intrinsèque, et va probablement lui donner envie de recommencer

  4. Vous avez bien appris, involontairement certes, à Kiki à dépiauter des chaussons. Oups.

Bref, c’est du laxisme !


Non mais, ne soyons pas stupide, dans ce cas, je fais du troc pour récupérer le chausson !

  1. Pas RIP le chausson, well done

  2. Tiens, piquer un chausson, ça apporte des friandises ! Ce qui constitue… Un renforcement positif de la séquence prendre le chausson – rendre le chausson !

  3. Vous avez bien appris, involontairement certes, à Kiki à voler des chaussons. Oups.

Non mais, ne soyons pas stupide, dans ce cas, je distrais le chien ou je lui propose un autre jouet approprié en remplacement !

  1. Pas RIP le chausson, well done.

  2. Tiens, piquer un chausson apporte irrémédiablement une partie de jeu avec mon maître. Ce qui constitue… un renforcement positif de la séquence prendre-rendre le chausson.

  3. Vous avez bien appris, involontairement certes, à Kiki à voler des chaussons. Oups.


Bref, le résultat de cette application, c’est que Kiki va continuer à voler les chaussons et éventuellement les dépiauter quand ça lui plaît…

C’est effectivement un gros risque de se retrouver avec le chien décrit ci-dessus.

CA. NE. MARCHE. PAS.


Et je pèse mes mots. L’application de cette phrase (« récompenser les bons comportements et ignorer les mauvais »), qui souvent résume « les méthodes positive », est une honte, c’est une balle que l’on se tire dans le pied. C’est donner de l’eau au moulin de ses détracteurs qui vont dire, (presque) avec raison : « vous avez bien vu, les méthodes positives c’est de la merde, ne pas utiliser de punition c’est n’importe quoi, on se retrouve avec des chiens qui font la loi ».


Quoi ? quoi ? quoi ? Qu’est ce qu’elle raconte ?


Et là, certains osent enfin dire « Bon, j’avoue que parfois je dis « non », et parfois même je me fâche ». Certains osent aussi s’avouer que bon, hein, en vrai, ne pas punir du tout c’est ce qu’on dit mais c’est pas ce qu’on fait… Mais un petit « NON ! » c’est pas vraiment une punition, non ? Donc on respecte quand même le principe, non ?

Ben non… Dans ces cas-là, appelons un chat un chat : c’est une punition positive, donc du coercitif (à un niveau évidemment bien plus faible qu’un collier électrique, évidemment !).


Quoi ? quoi ? quoi ? Mais j’y comprends plus rien… On doit faire quoi alors ?


Je reprends mon introduction : dans la vie, il y a des comportements à NE PAS faire, ni vous ni moi n’y changerons jamais rien. Et ça, c’est la définition de la punition : diminuer la fréquence d’un comportement. La punition est donc nécessaire et indispensable, mais elle n’a pas besoin d’être une punition positive, elle peut-être une punition négative (et si vous ne savez pas la différence, allez faire un tour ici).


« Heu, t’es bien mignonne, mais là, tout de suite, Kiki vient de chopper mon chausson et le dépiaute avec délectation… Quelle punition négative ?? »


Bien vu ! Dans cette situation, il n’y a pas de solution efficace si vous souhaitez éviter la punition positive.

Mince, on est obligé alors ?

Heureusement non !


Et c’est CA toute la différence entre l’éducation positive et le laxisme.

La punition positive ne consiste PAS à se contenter de récompenser les bons comportements et ignorer les mauvais. L’ignorance ne constitue PAS un moyen efficace de faire diminuer/de ne pas apparaître certains mauvais comportements. Vous aurez forcément besoin d’autre chose…


Le plus souvent, nous laissons le mauvais comportement apparaître, et ensuite on se demande comment le supprimer. Ce mode de fonctionnement « passif » n’est compatible qu’avec l’éducation coercitive. Tenter d’appliquer une éducation positive sur cette trame ne fonctionne pas et donne un résultat abominable de laxisme, tant décrié.

  • Vous voyez une branche de platane qui pousse, vous la laissez grandir, puis comme elle pousse de travers vers votre maison, vous allez la couper une fois qu’elle devient gênante.


Si vous souhaitez réellement travailler en positif, vous devez revoir complètement votre mode de fonctionnement et adopter un mode de fonctionnement « proactif », c’est-à-dire : comment puis-je créer directement le bon comportement ?

  • Vous voyez une branche de platane qui pousse, vous savez que vous voulez qu’elle pousse dans la direction opposée à votre maison, vous allez la guider au fil de sa croissance pour qu’elle pousse dans la bonne direction.


Qu’est-ce que j’aimerais que Kiki fasse à la place de « dépiauter mes chaussons » ? Je veux par exemple qu’il dépiaute un jouet prévu à cet effet. Il s’agit d’un comportement alternatif exclusif (ie : un « bon » comportement, qui empêche le chien de faire le « mauvais » comportement à la place. En effet, Kiki peut difficilement dépiauter les deux en même temps)


Alors je vais

  1. Prêter attention et préparer le chien au contexte EN AMONT : Ne pas lui laisser l’occasion de découvrir que s’il chipe un chausson, c’est soit agréable à dépiauter, soit un moyen d’avoir une friandise en échange, soit de déclencher une partie de jeu avec le maître. Je RANGE le chausson tant que Kiki n’est pas fiable ! 80% du travail en positif se fait en amont et en prévention. JAMAIS en provoquant la situation qui pose problème (sauf si vous êtes un adepte du coercitif).

  2. Je prévois de façon réfléchie comment je peux arriver au résultat escompté : « Kiki ne prête pas attention aux chaussons présent dans l’environnement ». C’est le principe du plan d’entraînement. Je sais ce que je vais faire, je vais créer les situations favorables et développer les compétences du chiens nécessaires à l’apprentissage voulu. Je vais donc développer mon comportement alternatif pour qu’il devienne prépondérant.

  3. Heu… Mais comment ? Le chausson n’est pas disponible, le jouet, oui. Kiki s’empare du jouet : OUIIII ! c’est le moment de lui prêter attention, de jouer, de lui courir après, de le féliciter… On donne de la valeur à « prendre le jouet », on fait du renforcement positif de ce comportement alternatif. Si on est malin, on peut aussi donner de la valeur à « rester calme », ou « se coucher » : toutes ces « non-actions » qu’en réalité on recherche !

  4. Progressivement, on réintroduit les chaussons dans l’environnement, de façon intelligente, pour que Kiki s’en fiche complètement, et qu’il ne lui vienne même pas à l’esprit d’y goûter, puisqu’on lui a donné, en amont, toutes les solutions à ses besoins, d’une manière qui nous convient.

Bien entendu, il s'agit là d'un seul exemple, il existe de nombreux outils pour pouvoir l'appliquer dans toutes les situations du quotidien.


Donc, oui, l’éducation positive, la rigueur, les règles et les limites, c’est compatible.

Donc, non, la rigueur, les règles et les limites ne sont pas synonymes de punition.

Il est même possible d'être sévère, autoritaire ET laxiste, et ça, c'est une réelle catastrophe...


Mais non, il ne suffit pas d’ignorer les mauvais comportements, il faut revoir complètement notre méthode de travail : être proactif et créer les bons comportements, pas être passif et corriger les mauvais comportements.



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